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Griffier - saint Christophe
23 octobre 2021

Découverte d'une peinture murale exceptionnelle du XVe siècle

L'actuelle rue Anatole France, anciennement rue de la Croix était au Moyen-Âge, l'axe majeur entre le centre religieux de la cité (abbatiale, Saint-Léger Saint-Saturnin) vers le cimetière hors de la ville, en franchissant les remparts par la porte de la Croix à l'ouest (extrait de l'Atlas de Trudaine 1745-1780 - le nord est vers le bas).

St Maixent - Trudaine 1745-1780

Cette voie de passage était animée par ses marchands et commerces. On y rencontrait ses habitants, mais aussi des personnes venues faire leurs affaires en ville, des pèlerins, des compagnons qui effectuaient leur "tour de France", des étudiants. Parmi eux, citons François Rabelais, François Villon, Thomas Platter, etc. Saint-Maixent était une étape incontournable entre Poitiers-Niort et inversement.

De cette époque subsistent deux maisons à Colombage, une au n° 36 et l'autre au n° 13. Celle-ci présente une enseigne écrite en latin "HIC VALETUDO" signifiant "Ici la santé". Un apothicaire (pharmacien) y exerçait son métier, il préparait les remèdes les adaptait au patient.

9 AF avant

Un quartier médiéval rajeuni après la Révolution

Après l'Époque moderne ponctuée de violentes destructions faites lors des Guerres de religion, la rue conserve son activité économique. Cependant, les façades à colombage sont pour la plupart en très mauvais état et le renouveau post-Révolution encourage les entreprises et les particuliers à se moderniser. Le bâti fait l'objet de lourds travaux, avec un démontage des façades à pans de bois. Elles sont reconstruites en pierre de taille, avec des corniches surmontées de chéneaux en zinc, mais surtout, elles sont percées de grands fenêtres permettant une bonne aération et un bon éclairage naturel une grande partie de la journée. Dans les intérieurs, on installe des cheminées de dimensions plus petites pour se chauffer. Les décorations murales sont refaites, on remet ces lieux à la mode.

Une période de désintérêt

 

Après la Seconde guerre mondiale, la rue perd lentement son activité commerçante. Les voitures passent sans s'arrêter. Les maisons sont plus ou moins abandonnées, souvent non entretenues. Leurs propriétaires les louent souvent à des personnes de plus en plus modestes frappées par les crises économiques successives. Souvent ils ont opté pour une maison hors les murs ; chacun voulant une maison avec cour, garage et jardin.Un nouveau style de vie où l'usage de la voiture est incontournable.

De plus en plus vétuste, des maisons sont démolies, mais parfois elle génère de gros désordres techniques pour les maisons mitoyennes. Ainsi la destruction de la maison à l'ouest de la maison à colombage du XVe siècle, HIC VALETUDO, située au n° 13, entraine sa déstabilisation et un arrêté de péril imminent. 

On doit sa préservation à l'acharnement de son nouveau propriétaire très impliqué. En 2001, la maison est restaurée après une longue période d'étaiement sur rue, Cette maison est restaurée.

 

2001 façade

Ce n'est pas le cas de la maison du n° 9. Non habitée depuis 1983, elle est rachetée successivement par des personnes qui la laisse à l'abandon. Peu à peu les toitures tombent puis l'angle sud-ouest du bâtiment sur rue s'écroule. Elle fait l'objet d'un arrêté de péril ordinaire depuis janvier 2020.

Cette maison à la devanture en bois 'Boucherie "Griffier" était celle d'une famille arrivée à Saint-Maixent à la fin du XIXe siècle. Par alliance, elle entre dans la profession de boucher et y perpétue son activité bouchère jusqu'au milieu des années 1960.

Comme il était d'usage à cette époque, le magasin était au rez-de-chaussée et les commerçants habitaient les étages au-dessus.

A1

Un projet de sauvegarde

Peu avenante en apparence, la propriété GRIFFIER présente une valeur patrimoniale incontestable. Cette longue période d'abandon fait qu'elle n'a pas été mutilée par des aménagements en béton. Elle présente deux pôles d'intérêts. La devanture de la boucherie est le plus visible. C'est une des plus anciennes de France comparable avec celle de Chartres protégée au titre des Monuments Historiques.

Mais l'arrière des lieux est au cœur d'un  îlot urbain du XVe siècle. En février 2019, l'effondrement du mur sud-ouest a mis à nu un haut pan de mur le soumettant aux intempéries. Depuis la pluie a partiellement dissout un badigeon de chaux blanche, normalement situé à l'intérieur, laissant apparaître une peinture murale du XVe siècle.

IMG_3778

Peinture retracée   IMG_3795

La peinture du XVe siècle représente le Christ reconnaissable à son nimbe cruciforme. C'est le Christ sauveur du monde portant dans sa main gauche le globe terrestre. Sa main droite que l'on devine est levée pour bénir. Il est assis sur les épaules de saint Christophe qui l'aide à franchir un fleuve en tenant dans sa main son bâton terminé en partie supérieure par des palmes. La légende raconte que le soldat Reprobus fut converti par l'ermite qui le baptisa : Christophe. En effet, sur la gauche, le visage apparaissant un peu à l'écart pourrait être celui de l'ermite (Information Mme Sabine de Freitas spécialiste des enduits peints médiévaux, Conservatoire Muro dell’Arte 37460 Orbigny).

Le côté gauche de ce visage apparaît à l'occasion de la fissure de l'enduit mural (une protection et restauration urgente s'impose). En haut un tracé ocre rouge horizontal limite le tableau.

oeil

Protéger ce patrimoine exceptionnel en mettant au plus vite en place les mesures conservatoires s'imposent. Il convient de sécuriser les lieux, restaurer les murs et les couvertures pour rendre son écrin à cette œuvre exceptionnelle. En effet, c'est une survivante des ravages des Guerres de religions dans la cité de Saint-Maixent.

Nous ignorons encore la fonction de ce bâtiment à l'époque médiévale. Il ne semble pas être un édifice religieux (église, chapelle). Il s'agit plus probablement d’un oratoire d'une résidence privée ou d’une halte pour les pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Saint Christophe est le protecteur des voyageurs, fêté le 25 juillet.

Notre association ADANE porte le projet de sauvegarder cet ensemble unique, réussira-telle  ? 

Dans l'affirmative, les aides bénévoles seront nécessaires et bienvenues. Des taches très variées sont  à réaliser, sur le chantier comme trier les gravats en vue de leur recyclage ou leur remploi, de l'entretien, de la peinture, de la maçonnerie selon les techniques anciennes, etc.

D'autres missions consisteront à valoriser, préparer la communication, informés les sympathisants, les personnes qui s'intéressent au lieu. Dans un premier temps, pour des raisons de sécurité, l'accès sera limité aux personnes du chantier, mais l'information sur l'avancement du chantier de restauration sera assurée via les réseaux sociaux.

Toutes les idées peuvent être suggérées pour parvenir à fédérer les personnes de bonne volonté, proches ou géographiquement éloignées.

À terme, l'usage de ce lieu sera orienté vers une fonction culturelle (accueil, convivialité et partage intellectuel).

 

Informations : 

Association pour le Développement de l'Archéologie sur Niort et les Environs (ADANE) 11 rue de l'aumônerie 79260 La Crèche

Association loi de 1901, JO du 06-07-1988

mail :  adane@laposte.net

 

Nos partenaires associatifs

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